samedi 26 février 2011

En dépit des pressions et des menaces, la mobilisation continue au Maroc.

Le Maroc ne fait pas exception à la vague de mécontentement qui déferle sur le monde arabe. Signe d’un malaise profond, plusieurs cas d’immolation par le feu ont défrayé récemment la chronique marocaine. Le jeune Mourad Raho, 26 ans, s’est suicidé le 10 février dernier, pour protester contre ses conditions de vie. Le 22 février, Fadoua Laroui, une mère célibataire de 25 ans, a tenté de mettre fin à sa vie après s’être vu refuser un logement social en raison de son statut. Dans cette monarchie héréditaire, le « pouvoir absolu du roi », la corruption, le népotisme, le chômage, les inégalités sociales et la cherté de la vie sont autant de facteurs qui alimentent le mécontentement populaire.

Répondant à un appel lancé sur Facebook par un groupe de jeunes, des milliers de Marocains sont descendus dans la rue le 20 février, notamment à Rabat, à Casablanca et à Marrakech, pour réclamer une réforme de la Constitution et la limitation des prérogatives du roi Mohammed VI. Mais la monarchie n’est pas vraiment remise en question.

Les Marocains pensent que, en limitant les pouvoirs du roi, la justice et la presse seraient indépendantes et les ressources du pays, plus équitablement distribuées.

De nouveaux appels à des marches sont diffusés sur Internet afin de maintenir la pression sur le roi et son gouvernement. Le Réseau démocratique marocain pour la solidarité avec les peuples, composé de jeunes et d’organisations de défense des droits de la personne, a annoncé son intention de poursuivre la mobilisation jusqu’à la satisfaction des « revendications politiques urgentes », dont l’adoption d’une nouvelle Constitution « qui puisse assurer [au peuple marocain] dignité et justice sociale ».

Au lendemain des manifestations du 20 février, le gouvernement a dit avoir compris le message et le roi Mohammed VI s’est dit, dans une allocution, attaché à la « poursuite des réforme ».

Situation politique
 
Au trône depuis 1999 après la mort de son père, Hassan II, le roi Mohammed VI a vite entrepris de redorer l’image d’un palais royal passablement égratignée par des accusations d’autoritarisme, de torture et de restrictions des droits et libertés.

Dès son intronisation, le jeune roi a donné l’impression de prendre ses distances avec le makhzen (la puissante administration) en limogeant l’omnipotent ministre de l’Intérieur, Driss Basri. Il a aussi permis le retour d’exil de l’opposant Abraham Serfaty et a lancé d’ambitieux programmes d’alphabétisation. En 2004, Mohammed VI a réformé le Code de la famille pour, notamment, défendre les droits de la femme.

La lune de miel a toutefois été de courte durée, puisque le palais royal, tout en envoyant des signes de démocratisation, a renoué avec certaines pratiques liberticides, comme le harcèlement contre certains journalistes et opposants.

Sur le plan social, les disparités n’ont pas cessé de se creuser, alors que le favoritisme et la corruption dans les rouages de l’État ont mis à rude épreuve la crédibilité du nouveau roi.

Loin de vouloir se débarrasser de la royauté, les Marocains aspirent à une monarchie parlementaire, qui limiterait les pouvoirs de Mohammed VI et conférerait plus de prérogatives au Parlement. Actuellement, le vrai pouvoir est concentré entre les mains du roi, qui nomme le premier ministre en fonction de la majorité parlementaire.

La population marocaine se révolte aussi contre la mainmise d’une partie de l’élite sur les ressources du pays. Comme dans d’autres pays arabes, il n’est pas rare d’entendre au Maroc des critiques à l’égard de la famille royale qui, très présente dans divers secteurs de l’économie, serait l’une des plus fortunées du monde. En 2009, le magazine américain Forbes classait le roi du Maroc à la 7e place des monarques les plus riches de la planète.

Source: radio-canada.ca ( biladi.com)

Kadhafi..allez ouste !


Les uns après les autres, les dirigeants arabes sont engloutis par la vague de protestations qui submerge leurs états. Après la Tunisie et l’Egypte, c’est donc la Lybie du Colonel Kadhafi qui s’effondre. Qui l’eut cru ?

Après quarante deux années d’un règne sans partage, le « trône » de celui qu’il convient d’appeler le plus vieux dictateur du monde vacille sous les coups de butoir de la rue libyenne. Avec un courage sans égal, les libyens se sont donnés le droit de descendre dans la rue pour réclamer la tête de ce « golem » de la politique arabe. Mi bédouin, mi citadin, enveloppé de son turban anarchique et ne se déplaçant jamais sans sa tente, il aura été un dirigeant fantasque et particulièrement cruel. 

Auto proclamé « Roi d’Afrique », il n’a jamais reculé devant aucun superlatif pour se qualifier. Tantôt « Grand Général Arabe », tantôt «  Guide de la Révolution » il est en réalité un vulgaire petit chef d’état, régnant d’une main de fer, sur un pays gorgé de pétrole et de soleil, qui, sans lui aurait probablement été la petite suisse du Machrek.

Avec moins de trois millions d’habitants en 1985, le PIB de la Lybie avoisinait ceux des grandes nations européennes. Assise sur un pétrole abondant et de très bonne qualité, l’économie libyenne a toujours été florissante même si elle ne le devait qu’à la nature. Si elle n’avait pas été gaspillée dans le financement de la guérilla internationale et les investissements politiques sans aucun sens pour les libyens, la Libye aurait été très puissante aujourd’hui.

C’est précisément les choix absurdes du Colonel et son goût prononcé pour l’autocratie qui lui valent aujourd’hui d’être mis au ban de la Nation. Mais les gesticulations politiques du « Grand Guide » n’expliquent pas tout. Les Libyens ont, en effet, du mal à imaginer que le pays, après 42 ans de Kadhafisme, poursuive dans cette direction avec le fils pour seul horizon.  Saef El Islam est, en effet, pressenti depuis bien longtemps pour assurer la suite de son père. 

Avec un prénom pareil, nul doute que les Libyens soient prêts à se sacrifier. « Le sabre de l’Islam » était pourtant certain de reprendre le flambeau. Ayant su jouer habilement avec les occidentaux en se montrant ouvert et moderne, il avait su amadouer quelques responsables politiques d’Europe mais c’était sans compter sur la vaillance du petit peuple libyen que l’on croyait incapable de lever le moindre petit doigt.

Non seulement il a contesté le pouvoir absolu du chef mais il a refusé aussi celui, prévisible, du fils. Tous les deux ont été renvoyé dos à dos, le père doit s’en aller et le fils doit renoncer. C’est la volonté du peuple et rien ne peut entraver la marche qu’il vient d’engager vers la liberté.

lundi 21 février 2011

Honte à toi, Khadafi ! Vive le peuple Lybien !

Assassin !
Il se veut le Roi d'Afrique...le défenseur du pauvre et le révolutionnaire romanesque !!! Il est, en réalité, un voyou pathétique, un assassin sanguinaire, un caligula des temps moderne...sans classe et sans fierté.

Je pleurs les morts de Benghazi et de Tripoli... Que la colère de leurs proches s'acharne sur toi et t'envoie en enfer ! Chien maudit.

La fable du Roi et de ses mirages...

Il y a au Maroc, une fable qui raconte l’histoire d’un Roi qui, entre une partie de golf et une escapade à Courchevel, s’acharnerait au travail pour faire reculer la pauvreté et la misère en son Royaume. Ce jeune roi qui se  distinguerait de ses pairs arabes se battrait inlassablement pour faire de son pays un havre de pays et de quiétude…

Cette fable très répandue dans les cercles autorisés du royaume cache en vérité une bien triste réalité. Le Roi du Maroc, le vrai,  ne vaut guère plus et mieux que ces cousins orientaux. Alors oui, il est jeune. Il est moins bestial que son père. Il se déplace volontiers dans le Rif…Mais tout cela, c’est du vent !

Obsédés par le pouvoir et le luxueux confort qui s’y rattache,  les monarques arabes, qu’ils soient issus de royaumes crées de toutes pièces ou régnant sur des républiques sans Histoire et sans Idéologies, ne valent que parce qu’ils répondent à un état géopolitique du monde sur lequel ils n’ont aucune prise.

Installés sur des trônes de pacotille, ils ne survivent que parce que d’autres qu’eux le veulent. En général, leur survivance se décide à Washington et aucun d’eux n’a jamais eu un soutien massif et éclairé du peuple. Leur légitimité se fonde sur un système de répression féroce dont aucun citoyen arabe n’est dupe.

Les marocains n’échappent pas à cette clairvoyance. Ils savent que la pièce de théâtre qu’on leur joue est une tentative désespérée de maintenir le statu quo. Dans un pays où des pans entiers de la société sont maintenues en dehors de la vie économique du pays, où les jeunes rêvent, tous, de s’enfuir et où mêmes les dirigeants économiques et politiques du pays  s’arrangent pour envoyer leurs enfants en France ou ailleurs, ils savent qu’en l’état, ils n’ont aucune chance de vivre mieux.

La Monarchie n’a aucune envie de se réformer. Lui demander d’abandonner ses prérogatives est d’une naïveté sans borne. Car le propre de la Monarchie arabe c’est d’exercer le pouvoir. Son génome est ainsi fait. Si bien qu’au Maroc ou ailleurs en Arabie, la Monarchie ne se réforme pas ! 

Elle se maintient comme elle est ou elle tombe, décapitée par le peuple…

Ce point de vue est, au Maroc, susceptible de vous envoyer, au mieux dans les prisons sordides du pays et au pire, à la mort… Une réalité que tous les discours du Monde, ne peuvent contredire tant il s’agit là,  de la triste et objective réalité de mon pauvre pays.

Farid Meknassi

jeudi 17 février 2011

Le Royaume enchanté de M6 devrait se réveiller fissa !

Le Roi règne, le peuple gouverne !

Lorsqu'avec Catherine Graciet nous écrivions en 2007 "quand le Maroc sera islamiste", toutle monde était persuadé à Paris que le Royaume enchanté était le maillon faible du sud dela Méditerranée. Attentats de Casa en 2003, attentats de Madrid l'année d'après dont les exécutants sont tous marocains, dérive d'un régime où les sécuritaires ont cédé la place aux quasi maffieux affamés d'argent, à l'image du clan Trabelsi, éloignement du monarque des préoccupations gouvernementales, retombées de la crise mondiale. Un des patrons de l'anti -terrorisme en France confiait: "Le Maroc,c'est la Russie en 1916".

Or à l'époque que lisait on dans la presse française? Et bien, dans le Nouvel Observateur par exemple, on découvrait que le Maroc était "un Royaume en mouvement", avec un dossier d'une dizaine de pages à la gloire du royaume chérifien, à l'exception de deux papiers de Sarah daniel et Farid Aichon, qui, in extremis, et malgré l'opposition de la direction, cadraient un peu ce publi reportage.

Ce dossier de l'Obs était le résultat de l'activisme d'un communicant du régime marocain à Paris, Olivier le Picquart, P-DG d'une société honorablement connue, Communication et Institutions. Depuis des années, Laurent Joffrin qui dirigeait déjà la rédaction de l'hebdomadaire, où il revient ces jours ci, triomphalement élu par 93% de la rédaction,  avait pris l'habitude de faire du bateau avec ce communicant et ami. L'idée de cette une sur le "Royaume en mouvement", absurdité évidente pour qui connait la réalité marocaine guettée par une "benalisation" des espaces de liberté et de pluralisme qui existaient encore il y a quelques années,  a germé sans doute pendant ces vacances nautiques..

Réconfortant de lire dans Libé, ces jours ci, les papiers ciselés et assassins de Joffrin sur Moubarak et Ben Ali. De la belle prose. A quand, cher Laurent Joffrin, le même édito sur M6, dont l'inaction, ces dernières années, est responsable du désastre marocain? La remarque vaut autant pour les BHL, DSK, Ségolène Royal, Jack Lang et combien d'autres qui profitent des délices épicés du Royaume enchanté. Ou encore pour notre président qui résidait à Marrakech à Noël dans un des palais du Roi Mohammed VI.

Pourquoi en rajouter aujourd'hui sur la Tunisie et l'Egypte et se taire sur le Maroc, autrement plus explosif? Pourquoi ce silence général, sauf Plantu dans le Monde,  quand le dessinateur de Bakchich, Khalid Gueddar, a écopé de quatre années de prison avec sursis pour avoir dessiné une BD sur le site retraçant, de façon amusée, les exploits de jet ski du souverain marocain?  

Si le Maroc ne bouge pas rapidement, l'onde de choc qui a gagné les pays voisins ne l'épargnera pas. Et le résultat, dans un pays où la moitié de la population vit au dessous du niveau de pauvreté, risque d'être particulièrement violent. Seule aujourd'hui la symbolique du Trône marocain, que respecte encore profondément la quasi totalité des citoyens et sujets de ce pays, protège le Maroc d'un déferlement annoncé.
Les vrais amoureux du Maroc devraient, dès aujourd'hui, tirer le signal d'alarme. Il faut à tout prix contraindre le Palais marocain à amorcer les réformes qui ont trop longtemps attendu.


Nicolas BEAU

Maroc en force pour une Démocratie réelle !

Le Roi règne, le Peuple gouverne !
 

mercredi 16 février 2011

Si la diplomatie française savait....

Il y aurait beaucoup à dire sur les difficultés des diplomaties occidentales à trouver la juste posture pour qualifier et commenter les événements qui secouent actuellement le monde arabe.

Avec une délectation qui confine parfois à la gourmandise, les peuples  arabes se gaussent de voir la panade dans laquelle se débattent les puissances occidentales si promptes naguère à minimiser les    graves atteintes aux droits de l’homme dans ces pays.

Si la sortie de la ministre française des affaires étrangères a été tant décriée, ce n’est pas tant en raison de son caractère cynique. En vérité, les  arabes se sont, depuis très longtemps, habitués aux jeux sordides de la diplomatie française. Mais là où le Quai d’Orsay se trompe, c’est quand il se montre si prudent à l’endroit des dictateurs arabes et si   dociles avec ses représentants.

Dans le cas français  la prudence équivaut à de la défiance. Les Français   croient  que la rue arabe est    incapable de porter un  discours de  Liberté et  d’Egalité.

N’en déplaise à Hubert Védrine , l’ancien sherpa de François Mitterrand qui, sur tous les   plateaux de télévision,  rabâche la  fausse vérité selon laquelle les Français n’ont jamais rien fait pour contraindre tel ou tel régime  arabe à se conformer aux positions françaises et occidentales.

Cette affirmation osée d’un responsable politique   français, par ailleurs fort sympathique et assurément intelligent, a de quoi étonner parmi les manifestants de la Place   Tahrir du Caire.

Comment, en effet, croire que les occidentaux ne pèsent pas de tous leurs poids pour imposer à la pauvre Egypte une position géopolitique   régionale si contraire à ses intérêts ?

Dans toutes les rédactions,   les diplomaties occidentales se montrent très en retrait par rapport à l’extraordinaire vent de liberté qui souffle sur le    monde arabe. Cet attentisme est mal perçu par ceux , qui au péril de leur vie,  ont manifesté, manifestent encore et manifesteront demain à Alger, Rabat, Amman , Damas et ailleurs.

Ne désespérons pas néanmoins de la diplomatie occidentale  mais n’attendons rien, non plus,  de ce coté là.

Le centre de gravité du     monde bouge. Les atermoiements de la  diplomatie occidentale en sont l’un des  symptômes.

Nous n’y pouvons rien…


Moulay Hicham...le retour ?


Invité de l’émission « Mots croisés » de Yves Calvi ce lundi 07février 2011 à 22 h 30 sur France 2, les téléspectateurs Français et Maghrébins ont pu découvrir le   visage et la voix de ce marocain pas comme les autres.

Cousin germain du Roi Mohamed VI, Moulay Hicham est le troisième dans l’ordre de    succession de la   famille   royale.

Réfugié, exilé ou simple résident américain, il vit et travaille aux Etats-Unis où entouré d’intellectuels de renom, il s’efforce de réfléchir aux grands problèmes de ce monde et notamment aux moyens de parvenir à édifier dans le monde arabe, une démocratie qui ne soit ni relative ni partielle.

Cette personnalité très singulière a préféré quitté le Royaume pour disait- il ne pas se prêter aux jeux et aux instrumentalisations de toutes sortes dont la famille royale pourrait souffrir. Il a surtout été victime de grossières manipulations policières et de guet-apens politiques conçus uniquement pour le faire taire.

Agé aujourd’hui  de 46 ans, il a eu sans  doute beaucoup de   mérite pour s’extraire de son confort d’Altesse royale et envisager, loin de sa terre natale, une carrière de politologue et d’universitaire.

Mais pourquoi revient-il au devant de la scène aujourd’hui, après neuf ans d’exil ?

En vérité et ceux qui le connaissent le disent. Ce qui se passe dans les pays arabes est, à ses yeux, fondamental. C’est un peu le combat de sa vie, lui qui, alors sous le   règne absolue de  Hassan II, avait déjà fait preuve d’une indépendance dangereuse l’ayant conduit à sa disgrâce.


Privé de fonction officielle, il n’en est pas moins très actif, de plus en plus actif d’ailleurs.

Appelant de ses vœux à une réforme institutionnelle de type britannique, il souhaite que la Monarchie se transforme à la manière de la monarchie espagnole ou britannique.

Pour lui, le système monarchique marocain est sclérosé. Il faut le déverrouiller et le rénover sur la  forme et sur le fond.

A l’heure où tous les régimes arabes vacillent et où les peuples commencent à peine à entrevoir le bout du tunnel, le régime marocain doit revoir sa feuille de route au  risque de subir le sort   réservé aux autres dictatures arabes.

Moulay Hicham a raison de vouloir ces changements car ils sont les seuls à pouvoir maintenir la Monarchie Alaouite au pouvoir.

Du New Jersey où il se trouve encore, il doit savourer cette époque où de Tunis au Caire, les  petites gens    prennent de plus en plus conscience de leurs pouvoirs.




L'ogre de Tunis est tombé... à qui le tour ?


Cela fait un peu moins d’un mois que le régime de Ben Ali est tombé et pendant que la Tunisie et les tunisiens commencent à savourer les bienfaits de la Démocratie, notre pays s’enfonce dans l’immobilisme et le statut quo. Avec un  régime monarchique d’un autre age si on le compare au voisin espagnol ou britannique, la Maroc regarde de plus en plus vers Tunis où le vent de la liberté est venu rafraîchire et libérer une société que l’on croyait irrémédiablement associée à la dictature. Tout n’est certes pas terminé mais la dynamique est lancée et les Tunisiens en récolteront les fruits dans un avenir proche.

Cette brise que les marocains aimeraient tant voir venir balayer leur villes et leurs villages et apporter avec elle, l’oxygène dont ils manquent cruellement, est tellement redoutée que le régime s’emploie dans un réflexe de survie pathétique à nier l’évidence.

Les Tunisiens, en tant que peuple maghrébin si proche de nous, ont déclenché le compte à rebours et aucune réformette ou gesticulation politicienne ne viendra stopper la vague qui se déploie dans les tréfonds de la société. Car les marocains se parlent.

Partout où ils sont, ils échangent et ils écoutent. Dans les grands centres urbains et les villages, ils se prennent à imaginer que l’horizon bouché qui s’offre à eux  se fissure et se lézarde.

A l’instar des tunisiens eux mêmes, les marocains ont été surpris par la fulgurance et la puissance du renouveau tunisien. Et c’est là le plus grand acquis de la Révolution de Jasmin. Désormais personne ne peut dire aujourd’hui avec l’aplomb qui caractérise la parole officielle marocaine que le régime monarchique est en l’état, impossible à faire bouger.

Car si les marocains semblent attachés à la Monarchie c’est que celle-ci ne leur a, au fond, jamais donné le choix. Mais là n’est pas le sujet principal car ce que veulent les marocains c’est un état de droit garantissant les libertés individuelles et collectives, le respect de la dignité humaine, le droit au progrès social, une justice impartiale et indépendante, un gouvernement responsable… Et la Monarchie est capable d’offrir une consistance à ces principes. Mais encore faudrait-il qu’elle se débarrasse de ses oripeaux féodaux et qu’elle entre de plein pied dans la modernité et la civilisation.

En tous cas,  c’est le seul moyen qu’elle a aujourd’hui pour sauver son régime car si la Monarchie continue aujourd’hui de  nier la profondeur du malaise sociale qui affecte l’immense majorité de nos compatriotes, alors elle court le risque de disparaître.

Nous n’espérons évidemment pas que la violence sème la terreur chez nous. Nous ne voulons pas que le pays suinte du sang de ses enfants et que le Maroc sombre dans une violence que personne ne souhaite. Ce que nous voulons, c’est que le régime marocain se démocratise et se modernise. Avec ou sans la Monarchie, les marocains veulent que la prospérité s’exporte de ses palais de toutes sortes pour aller à la rencontre des villes, villages et quartiers pauvres du pays. Nous voulons que personne ne soit jamais inquiété pour ses idées et qu’aucune limite ne soit opposée au débat. Les marocains doivent pouvoir se moquer de la Monarchie et du Roi sans encourir aucun risque. Ils doivent pouvoir débattre de la place de l’Islam dans la société et de la laïcité. Ils doivent pouvoir dire ce qu’il pense de ce vieux conflit qui nous oppose au Polisario et décider en toute liberté de l’avenir qu’il souhaite donner au Sahara.

Ces questions sont importantes pour eux et il est temps qu’ils décident eux-même, comme des grands, de ce qu’ils veulent.

Dans les chancelleries occidentales, la chute de Ben Ali est vécu comme un traumatisme et il est clair que les diplomates français et européens se montreront beaucoup plus attentifs, à l’avenir, aux voix des plus humbles, ceux que les officiels marocains tentent à tous prix de faire taire.

Dans l’atmosphère étouffante du Royaume où le rythme monarchique et son implacable ordonnancement tentent de se montrer tranquille et serein, l’odeur du jasmin est omniprésente. Gageons que ce doux parfum nous apporte, à nous aussi,  la liberté et la prospérité.


Valise diplomatique à vendre...

La diplomatie française aura été en dessous de tout, non seulement elle n’a rien prévu mais à en croire les confidences des diplomates américains en poste à Tunis, les diplomates français accrédités à Tunis auraient été particulièrement aveuglés par le mirage tunisien. Car si les gouvernements français qui se sont succédés depuis plus de vingt ans ont fait preuve d’une mansuétude coupable vis à vis du régime autocratique de Ben Ali, rien ne permet de comprendre pourquoi cette infamie a t-elle duré si longtemps.

Sur la foi de quelles analyses les experts français ont-ils pu croire, il y a quelques mois encore, que ce régime allait encore perdurer ?

Il n’y a qu’une diplomatie en sustentation perpétuelle, sans aucun ancrage dans la réalité tunisienne, pour imaginer qu’un tel régime puisse être appelé à tenir encore et encore.

Que l’on ait pu sous-estimer la vitesse de la fuite de Ben Ali n’est effectivement pas étonnant mais que l’on ait pu croire qu’un tel régime pouvait encore se maintenir encore des années après tous ces changements intervenus dans le monde, en dit long sur l’intelligence de nos élites. Car, enfin, qui pouvait croire et qui peut croire encore que, sous l’ère d’Internet, de la CPI, du 11 septembre et du cataclysme planétaire qui s’en est suivi notamment avec les aventures afghanes et irakiennes, le monde arabe resterait figé dans le roc des absolutismes médiévaux dans lesquels ils est confiné depuis deux générations ?

L’histoire s’accélère et avec elle, les sociétés arabes bougent. L’apparition d’une classe moyenne et la chute vertigineuse des taux de fécondité auxquelles viennent s’ajouter les mutations du capitalisme mondial entraîne une instabilité majeure dans le monde.

Jamais depuis la seconde guerre mondiale nous avions fait l’expérience de tels changements.

Devant tant de bouleversements, il faudrait être fou pour imaginer que les arabes resteraient en marge du mouvement, eux qui vivent depuis tant d’années, sous l’influence néfaste d’un occident arrogant et donneur de leçons. Car ne nous y trompons pas. Ce que disent les Maghrébins, c’est qu’ils en ont assez que leurs pays soient aux commandes de Paris, Londres ou Bruxelles. Car jusqu’à présent, seuls les intérêts des occidentaux ont été préservés et défendus.

Regardons par exemple, la manière dont sont gérés aujourd’hui les questions relatives à la maîtrise des migrations. Les Marocains et les Algériens ont été sommés par les Européens de refouler les immigrants africains dans des conditions ignobles. Par centaines, ils ont été parqués dans des camions-benne puis « relâchés » aux confins du désert sans aucun souci pour leur subsistance.

Les Maghrébins n’ont aucun intérêt à se comporter comme des barbares en lieux et place des espagnoles, des italiens, des français ou des maltais… D’ailleurs et dans une espèce de cynisme incroyable, les télévisions de ces pays ont passé ces images en boucle pour mieux apitoyer ces états – arroseurs arrosés -  présentés comme des pays sans sans foi ni loi.

L’exemple Libyen est, lui aussi, caricatural. Littéralement payée pour faire la chasse aux clandestins, la sinistre police libyenne a réussi le tour de force d’arrêter tous les flux migratoires clandestins vers l’Italie. Le boucher de Tripoli, qui règne sur un empire économique gigantesque, est devenu le carabinieri de Berlusconi  et ce faisant, il a donné à l’Europe les arguments nécessaires pour poursuivre sa politique mortifère.

Les africains n’ont qu’à mourir de faim et de maladie, enfermés qu’ils sont dans la nouvelle prison-continent qu’est devenu l’Afrique. Avec des matons comme Bongo ou Sassou, l’ordre sera assuré !

Voyons également, l’énorme scandale des législations occidentales relative à la lutte contre la corruption. Elles autorisent ailleurs ce qu’elles interdisent chez elles. Les français ont d’ailleurs été particulièrement cyniques dans cette affaire en justifiant tous les excès.

A t-on idée de la manière dont ces comportements sont vécus par les peuples qui souffrent de la corruption ? Bien plus que les corrompus, ce sont les corrupteurs qui créent un sentiment de rage et de haine dans les opinions arabes et plus généralement dans les pays pauvres.

Que pense, aujourd’hui, le peuple pakistanais de l’affaire dite de Karachi, quand des corrupteurs français arrosent des généraux qui ont été incapables de secourir leurs enfants lors du terrible tremblement de terre de l’année dernière et des meurtrières inondations qui ont ravagé le nord du pays.

Que pensent les Gabonais et les Congolais de la manière dont la manne pétrolière est accaparée par la France et ses sociétés, qui non seulement exploitent leur pétrole mais en plus, imposent des dictateurs sanguinaires qui accumulent des richesses notamment immobilières dont Paris est devenu la caricature ?

En toile de fond de ces révoltes qui se transforment en révolutions, toutes ces questions sont loin d’être anecdotiques. Elles pèsent très durement dans les revendications qu’on entend. Les Européens et les Américains du Nord doivent l’entendre et cesser de prendre tous ces peuples pour des imbéciles. Le temps des influences de ce type est passé, bel et bien passé… Et les diplomaties européennes devront désormais en tenir compte.

Après la Tunisie, à qui le tour ?



A Rabat, la question est sur toutes les lèvres, la jeunesse marocaine cédera t-elle aux appels de Tunis et d’Alger ? Plongera t-elle, elle aussi, dans la confrontation violente avec les autorités ?

En vérité il n’y a pas beaucoup de différence dans la manière dont est traitée la jeunesse dans les pays du Maghreb. Les horizons sont partout bouchées et si les rues algériennes  nous ont habituées à la contestation, les rues tunisiennes, elles,  nous avaient habitué au calme et à la monotonie.

Pourtant, tous ceux qui connaissent la réalité de la vie dans ces pays, savent que les peuples maghrébins souffrent. Ils souffrent de la cherté de la vie, de l’absence de perspectives et d’une insupportable gouvernance réglée à coup de pots de vin et de népotisme.

En Algérie, les scandales de corruption qui ont émaillé la vie politique ces derniers mois et l’augmentation sans fin de la précarité sociale alimentent la vindicte du peuple qui ne croit décidément plus ni au régime actuel ni à l’alternative islamiste.

En Tunisie, le mal est de même nature. Un régime policier, corrompu jusqu’à la moelle, qui derrière des apparences civilisées s’abat impitoyablement sur ses opposants. Tunis la nonchalante, avec ses placettes et ses ibiscus, souffre d’un système étouffant que la belle santé économique du pays spoliée ne parvient pourtant pas à cacher.

Au Maroc, le constat n’est pas moins alarmant. Si l’arrivée de Mohammed VI, il y a de cela plus de dix ans, a soulevé un immense espoir, le marocain de la rue en est très largement revenu. La société marocaine est pauvre et des trois pays du Maghreb, il est celui qui affiche le plus mauvais score en matière d’IDH. La corruption y est endémique et aucun marocain ne croit réellement au régime actuel.

Mais alors, pourquoi la jeunesse de ce pays ne se révolte pas ou tout au moins pourquoi tarde t-elle à le faire ?

En vérité, toutes les conditions sont réunies pour qu’elle entre, elle aussi, dans la danse mais les illusions qu’offrent le régime marocain sont autrement plus efficaces que celles que donnent à voir les généraux brutaux d’Alger ou les policiers psychopathes de Tunis.

A Rabat, le jeu est plus subtil et les marocains beaucoup moins alphabétisés que leurs voisins. Le résultat est pourtant le même, la révolte est en gestation et l’issue est certaine. Le Maroc connaîtra lui aussi les affres de la confrontation. C’est écrit comme est écrit d’ailleurs l’embrasement généralisé du Maghreb.

Personne ne sait néanmoins quand cela commencera et comment tout cela finira…