Le Maroc ne fait pas exception à la vague de mécontentement qui déferle sur le monde arabe. Signe d’un malaise profond, plusieurs cas d’immolation par le feu ont défrayé récemment la chronique marocaine. Le jeune Mourad Raho, 26 ans, s’est suicidé le 10 février dernier, pour protester contre ses conditions de vie. Le 22 février, Fadoua Laroui, une mère célibataire de 25 ans, a tenté de mettre fin à sa vie après s’être vu refuser un logement social en raison de son statut. Dans cette monarchie héréditaire, le « pouvoir absolu du roi », la corruption, le népotisme, le chômage, les inégalités sociales et la cherté de la vie sont autant de facteurs qui alimentent le mécontentement populaire.
Répondant à un appel lancé sur Facebook par un groupe de jeunes, des milliers de Marocains sont descendus dans la rue le 20 février, notamment à Rabat, à Casablanca et à Marrakech, pour réclamer une réforme de la Constitution et la limitation des prérogatives du roi Mohammed VI. Mais la monarchie n’est pas vraiment remise en question.
Les Marocains pensent que, en limitant les pouvoirs du roi, la justice et la presse seraient indépendantes et les ressources du pays, plus équitablement distribuées.
De nouveaux appels à des marches sont diffusés sur Internet afin de maintenir la pression sur le roi et son gouvernement. Le Réseau démocratique marocain pour la solidarité avec les peuples, composé de jeunes et d’organisations de défense des droits de la personne, a annoncé son intention de poursuivre la mobilisation jusqu’à la satisfaction des « revendications politiques urgentes », dont l’adoption d’une nouvelle Constitution « qui puisse assurer [au peuple marocain] dignité et justice sociale ».
Au lendemain des manifestations du 20 février, le gouvernement a dit avoir compris le message et le roi Mohammed VI s’est dit, dans une allocution, attaché à la « poursuite des réforme ».
Situation politique
Au trône depuis 1999 après la mort de son père, Hassan II, le roi Mohammed VI a vite entrepris de redorer l’image d’un palais royal passablement égratignée par des accusations d’autoritarisme, de torture et de restrictions des droits et libertés.
Dès son intronisation, le jeune roi a donné l’impression de prendre ses distances avec le makhzen (la puissante administration) en limogeant l’omnipotent ministre de l’Intérieur, Driss Basri. Il a aussi permis le retour d’exil de l’opposant Abraham Serfaty et a lancé d’ambitieux programmes d’alphabétisation. En 2004, Mohammed VI a réformé le Code de la famille pour, notamment, défendre les droits de la femme.
La lune de miel a toutefois été de courte durée, puisque le palais royal, tout en envoyant des signes de démocratisation, a renoué avec certaines pratiques liberticides, comme le harcèlement contre certains journalistes et opposants.
Sur le plan social, les disparités n’ont pas cessé de se creuser, alors que le favoritisme et la corruption dans les rouages de l’État ont mis à rude épreuve la crédibilité du nouveau roi.
Loin de vouloir se débarrasser de la royauté, les Marocains aspirent à une monarchie parlementaire, qui limiterait les pouvoirs de Mohammed VI et conférerait plus de prérogatives au Parlement. Actuellement, le vrai pouvoir est concentré entre les mains du roi, qui nomme le premier ministre en fonction de la majorité parlementaire.
La population marocaine se révolte aussi contre la mainmise d’une partie de l’élite sur les ressources du pays. Comme dans d’autres pays arabes, il n’est pas rare d’entendre au Maroc des critiques à l’égard de la famille royale qui, très présente dans divers secteurs de l’économie, serait l’une des plus fortunées du monde. En 2009, le magazine américain Forbes classait le roi du Maroc à la 7e place des monarques les plus riches de la planète.
Source: radio-canada.ca ( biladi.com)
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