A Rabat, la question est sur toutes les lèvres, la jeunesse marocaine cédera t-elle aux appels de Tunis et d’Alger ? Plongera t-elle, elle aussi, dans la confrontation violente avec les autorités ?
En vérité il n’y a pas beaucoup de différence dans la manière dont est traitée la jeunesse dans les pays du Maghreb. Les horizons sont partout bouchées et si les rues algériennes nous ont habituées à la contestation, les rues tunisiennes, elles, nous avaient habitué au calme et à la monotonie.
Pourtant, tous ceux qui connaissent la réalité de la vie dans ces pays, savent que les peuples maghrébins souffrent. Ils souffrent de la cherté de la vie, de l’absence de perspectives et d’une insupportable gouvernance réglée à coup de pots de vin et de népotisme.
En Algérie, les scandales de corruption qui ont émaillé la vie politique ces derniers mois et l’augmentation sans fin de la précarité sociale alimentent la vindicte du peuple qui ne croit décidément plus ni au régime actuel ni à l’alternative islamiste.
En Tunisie, le mal est de même nature. Un régime policier, corrompu jusqu’à la moelle, qui derrière des apparences civilisées s’abat impitoyablement sur ses opposants. Tunis la nonchalante, avec ses placettes et ses ibiscus, souffre d’un système étouffant que la belle santé économique du pays spoliée ne parvient pourtant pas à cacher.
Au Maroc, le constat n’est pas moins alarmant. Si l’arrivée de Mohammed VI, il y a de cela plus de dix ans, a soulevé un immense espoir, le marocain de la rue en est très largement revenu. La société marocaine est pauvre et des trois pays du Maghreb, il est celui qui affiche le plus mauvais score en matière d’IDH. La corruption y est endémique et aucun marocain ne croit réellement au régime actuel.
Mais alors, pourquoi la jeunesse de ce pays ne se révolte pas ou tout au moins pourquoi tarde t-elle à le faire ?
En vérité, toutes les conditions sont réunies pour qu’elle entre, elle aussi, dans la danse mais les illusions qu’offrent le régime marocain sont autrement plus efficaces que celles que donnent à voir les généraux brutaux d’Alger ou les policiers psychopathes de Tunis.
A Rabat, le jeu est plus subtil et les marocains beaucoup moins alphabétisés que leurs voisins. Le résultat est pourtant le même, la révolte est en gestation et l’issue est certaine. Le Maroc connaîtra lui aussi les affres de la confrontation. C’est écrit comme est écrit d’ailleurs l’embrasement généralisé du Maghreb.
Personne ne sait néanmoins quand cela commencera et comment tout cela finira…
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